- Type : Bâtiments
- Etat d’avancement : Finalisé
- Autorité compétente : Administration des bâtiments publics
- Date de mise en service : 26 juin 2005
- Commune(s) : Luxembourg
Présentation
La conception de la nouvelle Salle de Concert à Luxembourg-Kirchberg a été confiée à Christian De Portzamparc, architecte parisien renommé qui sortait vainqueur du concours d’architectes.
Le projet se justifie pour de multiples raisons :
Surtout, la Salle de Concert offrira à l’OPL (Orchestre Philharmonique du Luxembourg) un nouvel espace et de performance. L’OPL est le représentant par excellence du Luxembourg en matière de vie musicale, et notamment culturelle. En effet, la musique peut être perçue comme l’expression suprême de la culture. C’est une langue qui n’a besoin d’être traduite puisque tous les peuples la comprennent. Ensuite, des musiciens du monde entier pourront s’y rencontrer pour bénéficier des infrastructures, soit pour organiser des stages, des académies d’été ou des formations plus poussées.
La nouvelle Salle de Concert fonctionnera au niveau régional, voire international.
La gestion administrative est assurée par un établissement public.
La vie économique bénéficie de l’offre culturelle
Le Kirchberg offre les liaisons routières nécessaires pour assurer l’accès confortable à la Salle de Concert. Du point de vue du développement économique, c’est surtout le secteur tertiaire, qui prend en considération l’offre culturelle quand il s’agit de s’implanter dans une région. De par son rôle comme pôle culturel, la Salle de Concert exercera d’office une influence sur la dynamique de notre capitale, dont bénéficie le développement économique. Des infrastructures pareilles à l’étranger comme la Philharmonie et le Musée Ludwig à Cologne ou le fameux KKKL (Konzerthalle, Kunstmuseum, Kongresszentrum) à Lucerne consolident avec évidence cette théorie. Aussi, le Grand-Duché doit-il à l’étranger une récompense pour les investissements sans lesquels le Luxembourg ne serait pas ce qu’il est. La Salle de Concert influencera donc positivement l’image du Luxembourg à l’étranger où l’on nous envie souvent notre bien-être économique.
Concept urbanistique et paysager
Située à l'entrée du plateau de Kirchberg, nouveau quartier de la ville de Luxembourg, à la fois centre européen et bancaire, quartier résidentiel et commercial, la Place de l'Europe est entourée du Centre de conférences et du bâtiment Robert Schuman. Il s'agit d'une place triangulaire conçue par Ricardo Bofill, au milieu de laquelle la salle de concert, elliptique et visionnaire, a vu le jour.
Les deux angles opposés du bâtiment sont orientés vers la vieille ville au sud et vers l'avenue John F. Kennedy, le grand boulevard urbain, au nord. La Philharmonie, à proximité immédiate du Musée d'Art Moderne Grand-Duc Jean, appelé Musée Pei et du Musée de la Forteresse, fait du quartier un centre d'attraction culturel tout en l'animant en dehors des heures de bureau. Ainsi, ce quartier est désormais plus étroitement relié au cœur historique de la ville et la dimension européenne est renforcée par une institution culturelle rayonnante.
Située aux abords de l'une des voies d'accès les plus importantes de la ville, la salle de concert attire l’attention du passant et l’invite sur la Place de l'Europe. Il est peu commun qu'un immeuble isolé de l’envergure de la Philharmonie se trouve au centre d'une place sans pour autant s'en approprier l'espace. La transparence et l'ouverture du bâtiment avec les 823 colonnes de façade permettent une communication entre intérieur et extérieur, et la place et incitent le visiteur à s'approcher et à entrer.
Concept architectural
La salle de concert, un diamant transparent au milieu des bâtiments avoisinants, confère à la Place de l'Europe une splendeur exceptionnelle. Pour l'architecte Christian de Portzamparc, un bâtiment n'est jamais isolé mais toujours en relation avec le paysage environnant. Ainsi, la Philharmonie n'est pas un monument fermé au milieu de la place, mais se veut une architecture accueillante, communiquant ouvertement avec son environnement et les visiteurs.
A partir de l'avenue John F. Kennedy à la pointe nord de l'ellipse, l’on accède à l'entrée principale de la salle de concert par le parvis. Les rampes et les escaliers créent une atmosphère festive qui s'accentue au fur et à mesure que l'on pénètre dans le bâtiment.
La façade extérieure, un filtre
L’inspiration préliminaire de l'architecte était de marquer l'entrée dans le monde de la musique par un filtre naturel, la traversée d’un anneau d'arbres laissant deviner l'événement à venir. Dès le concours, l'idée s’est concrétisée sous forme de colonnes blanches, agencées en trois ou quatre rangées créant un péristyle total, ni opaque, ni transparent. Ce filtre est le thème de la première façade, dont les colonnes sont disposées selon un rythme mathématique précis, à l'image d'une partition musicale.
L'acier blanc et le verre confèrent à l'ensemble légèreté et luminosité. La rangée de colonnes intérieure renferme les installations techniques de ventilation et d'électricité, la deuxième épouse le vitrage, la troisième a une fonction statique. Pour amortir les vibrations créées par le vent, une partie des colonnes intègre un pendule.
Le jeu du mouvement
Le jeu de lumière, créé par les 823 colonnes disposées en trois ou quatre rangées, évolue constamment avec le mouvement de l'observateur. Le filtre laisse non seulement entrevoir le cœur du bâtiment, le grand auditorium, mais il permet aussi de contempler les bâtiments circonvoisins et le paysage. La Philharmonie ne donne jamais l'impression d'un monument statique. En l'absence totale de symétrie dans la composition du bâtiment, l'œil est continuellement à la recherche d’une nouvelle découverte.
Les coques
Afin de ne pas interrompre le filtre et de permettre la circulation autour de la partie centrale du bâtiment, le grand auditorium, Christian de Portzamparc a décidé de ne pas intégrer au bâtiment principal, la salle de musique de chambre, la billetterie et l'accès au parking souterrain, mais de les accoler à l'extérieur. Les deux coques revêtues d'aluminium, adossées contre le filtre de colonnes comme des feuilles torsadées, soulignent par contraste la légèreté et la transparence du bâtiment.
Le hall péristyle
Entre le filtre de colonnes extérieur et le noyau central, un vaste hall enveloppe entièrement le grand auditorium. Des rampes, escaliers et passerelles mènent à la salle, la contournent et la relient aux loges. On retrouve ici ce mouvement ascendant et descendant, communiquant avec le bâtiment et invitant le visiteur à rester, à découvrir, à se promener, à regarder et à être vu. Le mélomane traverse ce grand hall à la découverte d'un autre monde, celui de la musique.
La façade intérieure
Comme un bâtiment dans le bâtiment, le grand auditorium est entouré d'une rampe et de passerelles donnant accès aux loges. Sa façade en forme de falaise prismatique résulte des formes irrégulières et verticales de la partie arrière des tours de loges qui traverse les murs du grand auditorium. Ceux-ci absorbent la lumière à travers la toiture vitrée. La nuit, un concept lumineux sophistiqué fait rayonner les falaises, et crée ainsi une réelle relation optique entre l'intérieur et l'extérieur.
A l'extrémité sud du noyau central, la falaise devient façade, évoquant un pâté de maisons. Les fenêtres des bureaux s’ouvrent sur le foyer offrant une vue panoramique sur la vieille ville de Luxembourg.
Un bâtiment-phare
L’idée de Christian de Portzamparc de faire de la Philharmonie un bâtiment-phare visible de loin se fonde sur un concept d’éclairage élaboré. Pendant la journée, le bâtiment absorbe la lumière naturelle par la verrière ainsi que par le filtre de colonnes. Les couleurs pastel de la falaise sont d'un bleu rafraîchissant vers l'ouest et virent aux tons plus chauds vers l'est.
La nuit, le bâtiment rayonne comme une lanterne, claire, lumineuse et accueillante ou alors reposante et calme, signalant l'animation des concerts.
Les parties saillantes de la falaise cachent à chaque fois trois canaux lumineux aux couleurs primaires. Ainsi, l'ensemble des couleurs du spectre lumineux peut être créé en modulant l'intensité des différentes teintes. Cet effet renforce l'impression d'un bâtiment à l'intérieur du bâtiment.
Le grand auditorium
Dans le lumineux hall péristyle, plusieurs accès permettent de s’engager vers le grand auditorium aux tons chauds. Cette salle pouvant accueillir quelque 1 500 spectateurs, a été conçue en fonction des impératifs d'une parfaite acoustique et de l'ambiance recherchée par l'architecte. Pour Christian de Portzamparc, il est essentiel de ressentir les échanges entre les musiciens et le public. Pour répondre aux contraintes d’une salle rectangulaire offrant des conditions acoustiques optimales, l'architecte a disposé huit tours de loges irrégulières autour du parterre. Ces tours, telles des maisonnettes, remplissent plusieurs fonctions. Tout en animant les murs, elles peuvent accueillir chacune 28 auditeurs. Elles offrent une bonne vue sur le spectacle et, par leur disposition irrégulière, propagent le son et font apparaître le parterre comme une place entourée de façades habitées. Pareil au théâtre shakespearien, le public est associé au spectacle avec une scène visible de tous les côtés; l'espace des choristes pouvant être transformé en places supplémentaires. Globalement, la salle dégage une ambiance à la fois mystique et intime.
La salle de musique de chambre
La salle de musique de chambre, s'accolant au bâtiment elliptique principal comme une feuille torsadée, peut accueillir quelque 300 personnes tout en répondant à des exigences acoustiques particulières. Deux parois arrondies en forme de coque et un réflecteur au-dessus de l'orchestre, assurent une répartition sonore optimale. Accédant par le déambulatoire, le visiteur découvre la salle de musique de chambre en longeant la paroi courbée pour descendre dans une salle exceptionnelle.
L'Espace Découverte
L'Espace Découverte, accessible par un escalier généreux, se situe au sous-sol et dispose de son propre foyer. Il offre de nombreuses possibilités d'expérimentations dans les genres musicaux les plus variés. Son extrême protection sonore, ses équipements techniques, sa grande flexibilité et la modularité de la surface des parois – pouvant aussi bien absorber que refléter le son – permettent à quelque 120 spectateurs de vivre les formes d'expression modernes de la musique.
Le socle
La réalisation d’un premier sous-sol partiellement enterré a été possible grâce au plan incliné du hall. La logistique d’un bâtiment isolé comme la Philharmonie a requis un concept élaboré. La circulation automobile est guidée vers le tunnel en dessous de la place. Les livraisons se font par le socle souterrain, de manière à ne pas apparaître à proximité immédiate du bâtiment. Les salles de répétitions, les installations techniques, les garde-robes des artistes, les accès à la scène et la cafétéria s’y trouvent également.
Concept technique
L'acoustique
Afin que les trois salles de concert atteignent des performances acoustiques optimales, Yaying Xu, un des grands spécialistes en matière acoustique, a pris en compte de nombreux paramètres. La grande salle est conçue selon le principe d'une "boîte à chaussures", de manière à garantir la meilleure qualité acoustique tant aux auditeurs qu'aux musiciens. Il fallait donc veiller à la relation entre la hauteur, la largeur et la longueur de la salle ainsi qu'au choix des matériaux et des structures des parois, qui brisent le son et le reflètent. Le temps de réverbération varie de 1.5 à 2 secondes. Un réflecteur modulable à trois éléments et des rideaux spéciaux permettent en outre d'adapter l'acoustique de la salle à toute œuvre musicale. Situé au-dessus du plateau, le réflecteur dévie le son vers le public et permet aux musiciens de mieux s'entendre les uns les autres. Pour développer l'acoustique, des simulations informatiques et une maquette 1:20 ont été réalisées.
La scène
L’installation technique de la scène avec ses 21 plate-formes modulables, permet de nombreuses variations selon la composition de l’orchestre. De plus, des rangs supplémentaires pour les choristes permettent d’accueillir jusqu'à 190 personnes. Les trois premiers rangs du parterre peuvent être abaissés et rajoutés à la fosse d'orchestre. Latéralement à la scène, sont aménagées les installations de régie pour l’enregistrement, la télévision et la radio.
Fiche technique
Maîtrise d'oeuvre
- Architectes :
- Atelier Christian De Portzamparc
- Christian Bauer & Associés Architectes
- Ingénieur en génie civil : Gehl Jacoby & Associés
- Ingénieur en génie électrique : Felgen & Associés
Ingénieur en génie thermique : S & E Consult et SETEC - Ingénieur en génie sanitaire : S & E Consult
- Paysagiste : /
- Bureau de contrôle technique : Secolux asbl
- Organisme agréé : Secolux asbl
- Coordinateur sécurité santé : Sageri
Chiffres clés du projet
- Surface nette : 20.000 m2
- Volume bâti : 192.000 m³
- Budget du projet : 113.500.000 € TTC
Timing
- Vote de la loi par la Chambre des Députés : loi du 18 janvier 2001 et du 19 février 2005
- Début du chantier : printemps 2002
- Mise en service : 26 juin 2005